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Avarie de safran... ça, c'est fait !

De retour à Mindelo ....! Pas besoin de Yann pour vous donner des nouvelles de notre traversée ! Elle a été interrompue brutalement par une avarie de safran, heureusement pas trop loin de Sao Vincente. C'est celle que je craignais le plus. Au moins... ça, c'est fait !

Vendredi 9 janvier à 14h, nous quittons le mouillage et passons vers les pontons pour dire au revoir aux copains qui sortent les cornes de brume et même le trombone pour Zolt qui nous joue "Ce n'est qu'un au revoir mes frères..." Il ne croyait pas si bien dire ! Le canal de St Vincent est toujours très venté, les montagnes de l'île de Sant Antao créant une accélération importante. Nous filons à 7-8 noeuds sur une mer encore peu agitée. Le nuit tombe et nous devons mettre un peu de moteur pour passer le dévent des îles. Nous trouvons ensuite une mer bien formée et un vent NE de 20 à 25 noeuds. La lune se lève, presque pleine. Cette première nuit se passe à merveille. Le pilote barre bien et nous faisons nos quarts de deux heures. J'écoute de la musique pour économiser les piles de ma frontale en me disant que je lirai demain, à la lumière du jour.

Samedi 10 janvier, 5h30h du matin, je contrôle l'allure du bateau qui me paraît tout à coup bizarre. Le pilote laisse le bateau abattre presque jusqu'à l'empannage puis lofe en grand avant d'abattre à nouveau. En prenant la barre, je constate que je ne fais pas mieux. Le bateau ne réagit que quand le safran est en appui, à babord ou à tribord. Entre deux, pas de réponse. Problème... Je réveille Pierre qui confirme ma crainte... nous avons une avarie de barre, de pilote ou de safran. 100nm derrière nous, 2000 devant... la décision est vite prise : demi-tour ! Heureusement, nous constatons qu' au près, le bateau reste un peu manoeuvrable. Commence alors une longue remontée de ces 100 milles que nous avions parcouru si rapidement : 16 heures dans un sens, 34 heures dans l'autre, contre vent et mer forte. Nous essayons d'appuyer de temps en temps au moteur mais nous nous rendons compte qu'il chauffe au bout d'un moment. La sonde ou le thermostat sont en panne ! Pour couronner le tout, une petite infiltration d'eau constatée le jour précédent s'accentue, peut-être liée au problème de direction. La totale ! Après un peu de repos, nous essayons de trouver des solutions, de réfléchir à ce qui a pu se passer. Nous testons la barre de secours qui s'avère très difficile à utiliser dans cette mer formée. Agissant en direct sur le safran, elle nous épuise en 10 minutes. Nous décidons d'ouvrir le partie arrière du cockpit, vissée et siliconée, pour accéder aux drosses de barre et les contrôler. En ôtant cette partie, nous arrachons malencontreusement le capteur du barre du pilote qui y était fixé (bêtement !). Nous n'avons plus de pilote ! Nous sommes contraints à barrer en permanence, heureusement que Mindelo n'est plus qu'à 80 miles. Au petit matin, Sant Antao nous paraît toute proche. Nous y sommes presque. Et pourtant, entre la calmasse sous le vent de l'île et les fortes risées qui ne viennent pas dans la bonne direction, nous mettrons encore toute la journée à remonter le canal de Sao Vincente. Le vent monte à 30-35 noeuds et reste fort tout l'après-midi. Je motive Pierre en lui disant que c'est l'entrée du Petit Lac au Bol d'Or, qu'il faut tirer les bords les moins carrés possible. Mais Anegada n'est pas Gefion et remonte moins au vent qu'un 8M JI ! Nous n'avons surtout plus de marge pour abattre sur la droite, le safran étant en bout de course de ce côté là. Finalement, à 16h, nous mouillons l'ancre devant Mindelo et après avoir provisoirement asséché les fonds et affronté deux courts-circuits, nous savourons une bonne nuit de sommeil à plat !

Lundi 12 janvier, les travaux peuvent commencer. La liste est longue mais le moral est bon. On commence par rincer les fonds et le matériel mouillé. Puis je me mets à l'eau pour constater que, la barre à roue étant centrée, le safran ne l'est pas du tout ! Nos doutes se confirment, c'est lui qui a bougé. Nous avons retrouvé les copains, qui s'offrent pour nous aider et nous assister dans le déplacement délicat vers la marina et José, le pêcheur capverdien si gentil, qui vient tout de suite étudier le problème. Sa perspicacité nous étonne et va nous être bien utile. On analyse encore une fois la situation pour éviter de tout démonter pour rien. Pierre se renseigne pour sortir le bateau mais plusieurs personnes lui disent que c'est possible de sortir le safran à l'eau. Jean-Luc, un ami suisse, se propose de plonger. Jean, un français qui a construit son bateau lui-même peut souder de l'inox à son bord. Rendez-vous est pris avec tout le monde pour le lendemain matin. Comme nous avons à nouveau du Wifi, je surfe le soir sur le site de JB et Chloé que nous avions rencontré à St-Martin et qui ont le même bateau que nous. Je me souviens qu'ils ont eu une avarie de barre dans le Pacifique. Je relis leur récit :

... JB décide très rapidement d’aller à l’eau pour analyser mieux le problème, sans cela, il ne pourra trouver de solution… Il reste cinq longues minutes… et ressort frigorifié. Résultat de l’observation : le safran a pivoté sur sa mèche de quelques degrés et semble maintenant être stabilisé dans cette position…

Pas de doute, c'est le même problème. Je leur envoie un e-mail car ils ne décrivent pas ce qui s'est passé à Vanuatu après leurs huit jours de dérive. Qu'ont-ils constaté ? Comment ont-ils réparé ? Cela nous aiderait d'en savoir plus.

Mardi 13 janvier : 9h du matin... magie de l'internet... j'ai une réponse de JB avec plan et photos à l'appui ! Elle ne provient pas de Nvelle Calédonie, comme je le pensais, mais de France où ils sont provisoirement, pour l'arrivée de leur nouveau moussaillon, Timotei, âgé d'une semaine !

le safran de Magellan à Vanuatu

Grâce à ces infos, les travaux débutent tout de suite :

1. démonter les drosses et le secteur de barre
2. plonger pour sortir les huit boulons de la crapaudine qui retiennent le safran
3. sortir le safran de l'eau et le hisser sur le ponton
4. creuser au ciseau à bois pour atteindre les soudures qui ont lâché entre mêche et pattes

José est un acharné du travail. Il a à peine fini de manger qu'il y retourne. Pierre, qui voulait savourer son café, se sent obligé de le suivre ! A 16h, à eux deux, ils ont dégagé les 3 soudures des deux côtés du safran. José a pris les contacts pour les refaire. C'est finalement chez Tinene, dans l'école de mécanique, que cela sera le plus rapide et sûr. Le safran y sera transporté demain.

Nous rencontrons encore un jeune français spécialiste de la stratification qui pourra nous aider à reboucher les trous. Un mécanicien diesel viendra voir le moteur. Tous les corps de métiers sont au Cap Vert ! Suite de l'aventure dans quelques jours ! Comme le vent est très fort, tout le monde est en stand-by et on ne regrette rien. On échange des coups de main, on se serre les coudes en attendant des jours plus cléments.

Avaries... suite !

Mercredi 21 janvier : Nous étions très optimistes il y a une semaine... Entretemps, nous avons parfois perdu courage. Le mécano a démonté le moteur car ni le thermostat ni la sonde ne semblait défaillant. L'eau douce rajoutée disparaît à chaque fois... il doit y avoir un trou plus loin. Chaque jour il repart avec une pièce du moteur en plus (donc en moins chez nous !) : l'échangeur, le turbo... Il nous reste une cuvette pleine de boulons et d'écrous. N'y connaissant rien en mécanique, cela me paraît impossible qu'ils arrivent à tout remonter correctement.

Côté safran, rien ne va plus non plus... la résine coule à travers les trous la première fois. La seconde, elle se met à chauffer et à mousser. Pour finir, Pierre amène le safran chez un autre bricoleur de génie qu'il a déniché, Romualdo, qui construit, avec sa femme, des bateaux en polyester. Il a même fait un Laser, un 470...

Le problème c'est que nous tombons dans la semaine des 4 jeudis... mardi 13 était un jour férié, ok, mais le mardi 20 et le jeudi 22 aussi ! Le mécano apparaît une heure de temps à autre, nous raconte n'importe quoi pour s'excuser et Pierre commence à s'énerver. C'est finalement José qui lui mettra la pression et mardi 20 janvier, malgré le jour férié, un mécano est là pour tout remonter... et ça fonctionne ! Incroyable ! On reprend courage.

Côté météo, les choses s'arrangent enfin pour ce week-end et tout le monde s'agite et se prépare au départ. Avec un peu de chance, on sera plus nombreux qu'à l'ARC !

A midi, fondue à bord avec Jean-Luc, du bateau Lucky-Jo et ses invités Jean-François et Michel qui avaient apporté fromage et vin blanc. Quel régal ! On ne se souvenait plus que c'était si bon. Si le safran revient à temps, Jean-Luc nous aidera à le remonter avant de partir en croisière dans l'archipel. Il compte rester une année au Cap Vert.

Vers 17h, nous partons en pick-up pour récupérer notre safran beau comme un sou neuf.

Jeudi 22 janvier : Dès 8h30, branle-bas de combat... Jean-Luc arrive avec son matériel de plongée. José tarde. On l'a vu hier soir lors du concert pour la fête de la ville de Mindelo. Il avait l'air de bien s'amuser et on commence à craindre sa désertion ! En désespoir de cause, je m'équipe pour assister Jean-Luc sous l'eau. Le safran retrouve sa place sans trop de problème. Les boulons sont plus difficiles à placer mais Jean-Luc est un as. A 11h, José arrive enfin, tout penaud. Il nous aide à refixer les drosses de barre et le pilote. Après quelques petits réglages, tout à l'air de fonctionner. Le vent est à nouveau déchaîné, impossible d'essayer cela aujourd'hui.

Vendredi 23 janvier : Avitaillement, rangements, pleins d'eau et de fuel, mise à jour du site. Si vous n'avez plus de nouvelles ces prochains jours, c'est que tout est en ordre et que nous avons pris la mer. Sinon, on reviendra et on recommencera ! Inch Allah !

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