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Grèce - Les Cyclades

10 noeuds du sud-ouest, sous spi en direction d'Amorgos, à l'ombre du bimini... que raconter de ces 350 milles à zigzaguer dans les Cyclades ? De très belles navigations, pratiquement toujours à la voile et même souvent sous spi, sur une mer désespérement vide de poissons et de dauphins (quoique, à peine j'écris cela que nous en apercevons deux de loin!). Pierre met pourtant sa ligne avec persévérance à chaque traversée en se disant que 100% des gagnants au loto avaient tenté leur chance.

Si nous n'avons fait que de brefs arrêts sur Kéa, Kythnos et Ios, nous avons visité en scooter Sérifos, Sifnos, Paros, Santorin et Amorgos et en bus Syros et Folegandros. Tous ces noms en "os" se mélangeaient dans ma tête en préparant ce périple. Maintenant, chacun correspond à des paysages, des ambiances différentes. Car ces îles ont chacune leur particularité, leur caractère.

Notre premier coup de coeur fut pour Sérifos : première chora, capitale de l'île toute blanche perchée sur un éperon rocheux, garrigue en fleur dégageant des odeurs de sauge, d' "herbe à maggi", dont on profite bien en scooter, belles plages au fond de baies profondes. Nous parcourons les ruelles étroites fraîchement blanchies, grimpons courageusement les escaliers aux marches toujours plus hautes et nous régalons de la vue depuis les petites chapelles au sommet de la ville. Nous voyons Anegada, tout petit au mouillage. Sur la place couverte de chaises attendant l'affluence de l'été, nous buvons un ouzo, le premier que nous apprécions vraiment, car le cadre est idéal. Le patron du bar parle bien français et nous fait découvrir un peu la réalité de la vie de Sérifos : le long hiver (pourri cet année) où la chora est déserte, les rénovations des maisons grâce aux athéniens, mais aussi beaucoup aux français qui lui redonnent vie et allure ces dernières années et puis ces deux mois d'été où l'île déborde de monde. Il nous conseille aussi pour notre visite du lendemain dans la région minière du sud de l'île, une région où même la végétation prend des couleurs de cuivre et de bauxite. Nous admirons les villas modernes ou les bungalows qui s'intégrent très bien dans le paysage. Certaines reprenant même des éléments anciens, comme ce mur de chargement des anciennes mines. Elles sont la plupart du temps fermées puisque la saison dure ici deux mois. Parfois, des carcasses en béton abandonnées gâchent le paysage, tout en essayant de jouer les temples grecs le soir au coucher du soleil. Il paraît que les grecs ont l'habitude de commencer une construction et de la terminer petit à petit, quand ils en ont les moyens. En attendant, dommage pour le paysage.

Sur l'île de Syros, nous apprécions la ville d'Ermopoulis, capitale administrative des Cyclades. Belle ville à l'architecture neo-classsique, aux rues dallées et au port actif qui a perdu de son importance commerciale à l'ouverture du canal de Corinthe puisque les bateaux s'y arrêtaient pour se ravitailler avant de faire le tour du Péloponnèse.

Mykonos est un petit bijou d'architecture cycladique très bien mis en valeur. Il n'y a pas de mystère, les endroits touristiques sont très beaux, mais ils ont perdu leur âme. Le nombre de boutiques, de tavernes et de bars donne le vertige mais beaucoup pourraient être récompensés dans un concours de décoration. Les moulins, les maisons de la petite Venise sont bien comme sur les cartes postales...heureusement que les photos n'usent pas leur sujet !

Sur Paros, nous sommes surpris et heureux de retrouver un paysage plus agricole. Le vert des vignes, des oliviers, des figuiers joue avec le jaune des champs de blé. Naoussa aligne les tavernes le long de son port de pêche minuscule mais c'est dans un ruelle cachée qu'une odeur délicieuse et irrésistible nous pousse à réserver une table pour la soirée. Le restaurant "Le Sud" offre une cuisine française raffinée qui nous enchante, nous qui n'avons pas encore trouvé beaucoup de plaisir à la cuisine grecque. Parikia nous offre de précieux services : laverie, quincailler, supermarché, shipchandler. Nous commandons un nouveau guindeau pour relever l'ancre car nous sommes déjà tombés en panne deux fois avec l'ancien et il fonctionne maintenant par la force de l'araldit ! Pas très sécurisant quand on mouille l'ancre pratiquement tous les jours. En l'attendant pendant trois jours, nous avons le temps de visiter mieux la ville, son kastro vénitien du XIIème siècle, fait de vestiges de temples et monuments antiques. On dirait une construction d'enfants en Lego. L'église orthodoxe Katapoliani est une des plus anciennes église orthodoxe de Grèce et date du IVème siècle. Elle cache ses toits de tuiles rouges et ses murs en blocs de pierre de différentes teintes derrière de hauts murs d'enceinte blancs. J'ai eu de la peine à la trouver mais, par chance, un groupe de français avec un guide était sur les lieux et j'ai pu profiter des explications !

Quand le guindeau arrive enfin, le barbotin n'est pas adapté à notre chaîne ! Nous reviendrons sur Paros plus tard en récupérer un autre, mais en attendant, cap sur la belle Sifnos. Ses atouts sont la variété des paysages, tantôt agricoles, tantôt arides, ses belles villes plus vivantes qu'ailleurs car plus habitées toute l'année, ses poteries renommées qu'ils utilisent même pour faire des chapeaux de cheminée. Mais la palme revient au monastère de Chrissopigi, tout blanc sur son rocher au milieu de l'eau bleue et au village médiéval de Kastro, perché une une colline dominant la mer avec chemin de ronde, passages voûtés et toujours ces belles maisons peintes en blanc. Mais combien de kilos de peinture utilisent-ils chaque année ? Nous rencontrons dans le tout petit port du nord de l'île un couple d'australien en croisière. Discussion croisée en australien-anglais, franco-anglais et greco-anglais avec le patron de la taverne.

Folegandros, qu'on nous avait beaucoup vanté, est une île rocailleuse et aride. On a l'impression que les cailloux poussent dans les champs ! La chora est au bord de la falaise vertigineuse et la vue sur la côte nord de l'île est superbe, surtout en montant un peu sur le chemin qui mène à l'église. Comme les rares habitants ne vivent que du tourisme, on a la fâcheuse impression qu'ils voient en nous, à chaque coin de rue ou de terrasse, un consommateur. Les chaises sont en attente, comme partout ailleurs, mais là elles attendent le rempailleur ! Comme les peintres en bâtiment, les rempailleurs ne sont pas au chômage en Grèce.

A Santorin, nous commençons par repérer le joli RM 1250 de Voiles Magazine au m ilieu du cratère. Nous avions déjà rencontré à Monastir. Nous allons les saluer et ils nous donnent un bon plan : des bouées rouges sont à disposition des voiliers sous la falaise de Oia, le plus beau village de l'île. Nous abandonnons l'idée du port au sud et faisons demi-tour. Nous ne le regretterons pas. Le spectacle des maisons accrochées au dessus de cette falaise bariolée et la vue sur tout le reste du cratère est fabuleuse. La montée des marches le matin pour aller louer un scooter l'est autant ! Pas de mulet à cette heure-là ! Le reste de l'île offre des contrastes saisissants entre l'abrupt du cratère, à l'intérieur et la douceur des paysages agricoles à l'extérieur, entre les hôtels de luxe de Thira et Oia et les méthodes ancestrales de battage du blé. Contraste aussi entre la foule déversée des autocars, qui suit un petit panneau tenu par un guide, et notre mouillage solitaire au pied de la falaise. Que l'on est bien en bateau ! Difficile de repartir de cet endroit magique.

Même si nous ne nous arrêtons qu'une nuit sur Ios, c'est dans la belle baie aux eaux turquoises, Manganari. On se croirait aux Antilles. Le Routard parle de rendez-vous de tous les yachts du monde et de jeunes (filles, dans l'esprit de Pierre) nus sur la plage. Résultat, on est seul au mouillage et il n'y a que des chèvres sur les rochers ! Mais la vue depuis la colline est magnifique. On arrive dans le pays du Grand Bleu. Une partie du film a été tourné dans cette baie, une autre dans l'île suivante, Amorgos. Et puis Pierre découvre qu'il y a des soles sur le sable sous le bateau. Il dégaine son fusil sous-marin et ... revient avec une toute petite sole que nous dégusterons en entrée !

Si Amorgos est connu par le film de Besson, elle l'est aussi pour l'incroyable monastère de la Panagia Chozoviotissa (qu'on voit aussi dans le film). Des moines sont venus de Palestine au XIème siècle pour imprimer cette tâche blanche dans ce décor vertigineux de rochers rouges. Ils ont amené la Panagia, une icône de la madone que l'on peut voir dans la petite chapelle. Mais pour entrer, tenue correcte exigée. Le premier jour, j'avais oublié la jupe longue et la blouse pour couvrir les bras. Nous sommes revenus le lendemain. Depuis Santorin, je ne crains plus les grimpettes ! Le monastère est plaqué contre le rocher et à l'intérieur, la roche est apparente. Les pièces sont étroites et la vue plongeante sur la mer depuis les petites fenêtres vaut le déplacement. Le pope ne doit pas descendre bien souvent, vu son embonpoint. Il doit plutôt rester là-haut et manger en cachette les loukoums et biscuits qu'il offre aux visiteurs à leur arrivée. L'avantage des mouillages d'Amorgos, c'est leur vue sur le coucher du soleil... et on en profite. Et quel plaisir de se promener dans ces petits villages où il y a encore de vieux grecs (des moins vieux aussi !) qui tiennent leur petite épicerie, qui se promènent avec leur mulet (Pierre commence à les apprivoiser !) où qui sirotent un ouzo sous une treille.

Toutes ces îles nous ont enchantés. Malheureusement, ous n'avons pas passé à Tinos, Milos, Naxos, ni aux Petites Cyclades... Eole ne les a pas mis sur notre chemin au bon moment ! Bientôt, si le vent est avec nous, nous partirons pour le Dodécanése.

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