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Dominique... "Welcome in paradise"

Tous les copains à qui nous avons recommandé la Dominique en sont revenus enchantés... c'est à nous d'y retourner. Nous avons déjà visité trois fois le sud avec un guide, cette fois-ci, cap sur le nord et sur la grande baie de Portsmouth. Nous retrouvons, comme lors de notre premier passsage il y a quinze ans, les épaves de cargos échoués sur la plage. Il y en a de nouvelles, comme celle qui, l'an dernier lors du cyclone Omar, est venue boucher partiellement l'entrée de la fameuse Rivière Indienne. L'accueil a toujours lieu très au large par un "boat boy" qui nous souhaite "Welcome in paradise". La différence avec notre premier passage, c'est qu'ils ont reçu des instructions pour ne pas nous assaillir et marquer le bateau des jolies couleurs de leur coque et qu'ils repartent avec un mot gentil même quand on leur dit qu'on n'a pas besoin de leurs services. Il y a quinze ans, on ne pouvait pas laisser le bateau seul pour aller visiter la Rivière Indienne. Maintenant, ce sont les boat boys eux-mêmes qui organisent une surveillance de la baie nuit et jour.

Mais c'est surtout pour l'intérieur de l'île que nous venons en Dominique. Cette fois-ci, nous décidons de louer une voiture et de partir à la découverte à notre rythme. Nous empruntons la North Bound Road et nous retrouvons rapidement entouré d'une végétation exhubérante. Fougères arborescentes, bananiers, manguiers, cocotiers, arbres à pain, balisiers et tous les autres spécimens dont les noms nous échappent bordent la petite route qui grimpe la pente parfois bien abrupte. Heureusement nous avons un 4x4 et nous pouvons engager la rampante quand il le faut ! Nous nous arrêtons pour profiter des vues plongeantes sur la mer et les îles proches, Les Saintes et Marie-Galante.

Après une toute petit marche, bien adaptée aux genoux du chef, nous arrivons à Cold Soufrière, quelques gouilles bouillonnantes à l'eau étonnament froide. Nous avions vu cela au sud, derrière Roseau, mais l'eau était bouillante. L'odeur de soufre est bien la même par contre. Nous nous amusons à enregistrer les sifflements, glougloutements, halètements et autres grognements de la terre, accompagnée par les chants des oiseaux au-dessus de nos têtes. Sur le chemin, nous rencontrons des agriculteurs qui désherbent leur champ de madères (dashine). Les tas de mauvaises herbes sont presque plus hauts qu'eux ! Nous leur posons quelques questions sur cette agriculture si particulière de la Dominique : dans ces régions montagneuses, celui qui défriche une terre en a l'usufruit exclusif et elle devient "terre interdite" pour les autres. Le paysage est ainsi une sorte de patchwork entre des cultures, parfois très escarpées, et la forêt tropicale. Sur la route, on croise partout des hommes la machette à la main, allant ou revenant de leur lopin de terre. Ces produits sont écoulés dans les petits commerces locaux ou le samedi au marché de Roseau. Il y a aussi un peu d'exportation vers les îles voisines.

Nous arrivons sur la côte nord-est que nous ne connaissons pas du tout. Surprise ! On dirait la Côte d'Azur sans ses pins. Baies découpées, belles plages et rochers dorés. A Calibishie, nous repérons un petit bar comme on nous les aimons : ouvert à tous vents, coloré, bien situé en face des deux gros rochers émergeant de la baie. Olivia, la propriétaire, nous amène des jus de fruits frais délicieux et nous accueille avec un grand sourire, comme tous le monde dans ce pays où l'habitude est encore de regarder et saluer tous les passants et d'engager la conversation dès que possible en anglais, ou même en français ! La Dominique, située entre la Martinique et la Guadeloupe a connu l'occupation par les français en alternance avec celle des anglais. Nous pouvons nous rendre compte que les efforts developpés pour la santé et une alimentation saine sont parvenus jusqu'ici. A la différence des îles françaises, les slogans ne sont pas sur des affiches coûteuses mais écrits ou dessinés ou encore tagués à même les murs. Le gouvernement fait aussi de gros efforts pour l'environnement. Les plages sont propres et des guides sont formés chaque année pour faire profiter les visiteurs de cette nature encore vierge. Nous discutons avec Olivia qui nous déconseille de continuer notre tour de l'île cet après-midi. Nous ne nous rendons pas bien compte des distances, mais les routes sont tellement mauvaises et pleines de nids de poule que la moyenne horaire n'est pas très élevée ! Nous revenons donc sur Portsmouth par la route principale.


Partout les rivières se jettent dans la mer. Il y en a 365 en Dominique (comme par hasard !) et nous profitons d'un petit bain d'eau douce en tenue d'Eve (sauf pour la photo !) sous le seul regard d'un petit lézard curieux qui se rengorge.

Tout au long de la route, au milieu de ce vert omniprésent, les petites cases font des taches de couleur. Ce sont mes préférées pour les photos mais pour y vivre, je pense que je choisirais aussi une maison en dur, moins typique mais plus confortable et tout aussi colorée. Les immeubles ont également droit à la palette du peintre, mais parfois c'est extrême et les corinthiens doivent se retourner dans leur tombe !



Mercredi soir, c'est reggae night sur la plage... Il ne faut pas nous le dire deux fois. Nous y invitons Olivier, de Saï Saï, que nous avons retrouvé avec grand plaisir. Malheureusement c'est un DJ qui mixe avec un volume sonore incompatible avec nos oreilles (et pourtant nous sommes plutôt habitués). Nous restons sous l'auvent, un peu en retrait et passons une bonne soirée à discuter et à échanger avec les locaux qui défilent, tous plus impressionnants les uns que les autres, que ce soit par les tenues vestimentaires, la taille, la chevelure ou la barbe. Les rastas sont légions et nous fumons passivement quelques "pétards" ! Bounty, qui vend des fruits sur sa planche à voile dans la baie pendant la journée et organise de temps à autre un BBQ sur la plage, nous raconte sa vie. Comme beaucoup de ces boat boys, il a un peu voyagé dans les îles voisines, et même en Europe, sur des voiliers. Il se débrouille en français même si nous avons parfois de la peine à suivre. Nous lui posons des questions sur ce qui nous a étonnés lors de notre visite de l'île, comme la pêcherie abandonnée un peu plus au nord. Elle avait été construite par les hollandais mais il semble que maintenant le poisson soit acheté directement par un grossiste, congelé et revendu plus tard. Nous n'en avons en tous cas jamais trouvé de frais mis à part au marché de Roseau. Dommage ! On apprend aussi que les chinois sont entrain de débarquer et de prendre pied dans le commerce. Le pays a financé quelques routes en échanges de quelques visas. Le Japon a soutenu lui la construction du marché aux poissons de Roseau. Comme par hasard, la Dominique vote contre le moratoire sur la pêche à la baleine. Et si vous êtes étudiant en médecine et que vous voulez être dépaysé pendant quelques semestres, les USA ont créé la Ross University à Portsmouth. Plutôt positif puisque les étudiants font leur pratique dans les différents dispensaires de l'île. Indépendant depuis 30 ans seulement, le pays ne s'en sortirait pas sans ces coups de pouce extérieurs, pas toujours désintéressés !

Le samedi, nous profitons de nous rendre à Roseau pour refaire les pleins de fruits et légumes mais aussi pour revivre cette ambiance colorée et parfumée. Le reggae s'échappe à plein volume du marché couvert, les doudous se cachent sous un vieux parasol et derrière leurs étals de mangues, ananas, fruits de la passion, bananes, tomates, carottes, chou, christophines, ignames, salades, cives... Les jeunes noix de coco jonchent le sol après avoir rafraîchi les passants de leur eau. Les gros pamplemousses si juteux sont à un prix imbattable, 30 ct d'euro les cinq. Pierre pourra faire des jus au petit déjeûner. Nous revenons au bateau les bras bien allongés ! Les jours suivants, je transforme Anegada en atelier confitures et chutney en testant tous les mélanges possible.

Nous retrouvons aussi Josef et Cornélia sur leur Epiphany, rencontrés en Crête en septembre 2008, puis aux Canaries. Hongrois, ils ont de la peine à s'adapter au monde noir et sont toujours sur la défensive. Nous essayons de les raisonner mais leur décision est prise, ils retraversent sur l'Europe (alors qu'ils sont arrivés en avril !) pour l'été et repartiront en automne pour passer Panama dans la foulée. Je les accompagne dans une petite ballade dans le parc national de Cabrits. Dans une forêt beaucoup moins humide que dans la montagne, nous rencontrons des petites couleuvres et des termitières. Dans un parc bien entretenu et arborisé, nous découvrons l'ancien fort Shirley et ses canons, bien restaurés, puis, dans les bois, des ruines envahies par les ficus depuis leur abandon en 1854 par les anglais.


La Dominique est effectivement un petit paradis et nous y reviendrons... mais, pour l'instant, sa voisine Marie-Galante nous attend pour son festival Terre-de-Blues.

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